L’approche des élections présidentielles de 2025 en Côte d’Ivoire est marquée par un discours incendiaire sur les réseaux sociaux, alimentant des sentiments xénophobes et nationalistes qui menacent sérieusement la cohésion et le vivre-ensemble des citoyens ivoiriens. Ces agitations ravivent les souvenirs douloureux de la crise militaro-politique de 2002, soulignant l’impératif d’une action proactive pour éviter toute escalade de la tension sociale.
Analyse du Discours
Le discours récemment émis par Nathalie Zemgbo Djiezion sur Facebook personnel en date du 26 décembre 2023 expose Tidjane Thiam, récemment élu à la tête du PDCI-RDA, à des attaques xénophobes remettant en question son identité ivoirienne et celui de Alassane Ouattara, président actuel de la Côte d’Ivoire.
Le post de Nathalie Zemgbo Djiezion sur son compte Facebook, daté du 26 décembre 2023, expose Tidjane Thiam et le président actuel Alassane Ouattara à des attaques xénophobes remettant en question leur identité ivoirienne. Les références à l’origine ethniques et aux alliances matrimoniales amplifient les tensions existantes, posant un risque de déstabilisation accru.
Ce post a suscité de nombreuses réactions de la part des internautes dans les commentaires qui présentent une fracture sociale et des points de vue différents sur la notion de la nationalité.
Le post incendiaire tel que présenté par dame Nathalie Zemgbo Djiezion peut avoir de graves conséquences durables sur la société ivoirienne à plusieurs niveaux :
Au niveau Communautaire et social
La diffusion de discours xénophobes peut renforcer les clivages entre les différentes communautés en Côte d’Ivoire. Les tensions ethniques et nationales peuvent s’intensifier, créant des divisions profondes au sein de la société. Des discours qui remettent en question l’identité nationale des individus peuvent engendrer un climat d’instabilité sociale. Les manifestations, les protestations et les affrontements entre groupes peuvent survenir, mettant en péril la paix civile. Ce fut le cas le 19 octobre 2020 à Bongouanou, à deux semaines de l’élection présidentielle, des affrontements ont éclaté entre Agni et Dioula, respectivement proches de l’opposition et du pouvoir.
A ce conflit, l’on peut également mentionner le conflit communautaire à Bouna qui a fait 33 morts, les 24 et 25 mars 2016 entre agriculteurs et éleveurs.
Menace pour la démocratie et détérioration des Relations Internationales
La propagation de discours haineux peut menacer le processus démocratique en influençant négativement les élections. Les campagnes politiques peuvent devenir polarisées, et les résultats des élections peuvent être contestés, compromettant ainsi la stabilité politique. Les commentaires xénophobes peuvent également avoir des répercussions sur les relations internationales de la Côte d’Ivoire. Les partenaires étrangers pourraient exprimer leur préoccupation, entraînant une détérioration des liens diplomatiques.
Impact économique négatif
L’instabilité politique et sociale qui découle de ce discours haineux peut avoir un impact direct sur l’économie. Les investissements étrangers pourraient diminuer, la confiance des entreprises s’effriter, et le climat des affaires pourrait être sérieusement compromis.
Exacerbation des traumatismes passés et fragilisation du tissu social
En réveillant des sentiments de haine et de division, ce type de discours peut raviver les traumatismes du passé, en particulier ceux liés à la crise militaro-politique de 2002. Cela pourrait avoir des conséquences psychologiques et émotionnelles profondes sur la population. La cohésion sociale peut être gravement compromise, mettant en péril le vivre-ensemble harmonieux. Les relations interpersonnelles, la confiance mutuelle et le sentiment d’appartenance à une nation unie peuvent être sérieusement fragilisés.
Perte de crédibilité à l’échelle Internationale
La Côte d’Ivoire pourrait perdre de sa crédibilité sur la scène internationale en tant que nation stable et démocratique. Les observateurs internationaux pourraient exprimer des préoccupations quant au respect des droits de l’homme et des principes démocratiques.
Pour atténuer ces conséquences potentielles, il est essentiel de mettre en œuvre les actions recommandées, notamment la sensibilisation, le dialogue intercommunautaire, la surveillance des réseaux sociaux et le renforcement de l’État de Droit. Ces mesures visent à promouvoir l’unité nationale, à prévenir les conflits et à favoriser une société diversifiée et tolérante.
En adoptant ces mesures, les autorités ivoiriennes peuvent atténuer les effets négatifs des discours haineux, favoriser la paix, l’amour et la cohésion au sein de la population. Il est impératif de créer un environnement propice à des élections pacifiques et à la consolidation de l’unité nationale.
Mohamed Compaoré