Du 13 janvier au 11 février 2024, la Côte d’Ivoire abrite la 34ᵉ édition de la Coupe d’Afrique des nations de football (Can 2023). Cet événement sportif de grande envergure intervient à un moment important de l’histoire du pays. La CAN de l’hospitalité vient aider au renforcement de la cohésion sociale en Eburnie, aux lendemains des graves crises politico-militaires que cet État de l’Afrique de l’Ouest a connue.
Le contexte
La Côte d’Ivoire a traversé une succession de crises. Le pays a connu une rébellion armée le 19 septembre 2002, deux guerres de succession au pouvoir, en 2010-2011 et 2020, lors de la présidentielle sur ces deux périodes concernées.
Tous ces conflits ont eu chacun son lot de morts et autres victimes. Des situations qui ont occasionné une fragilisation de la cohésion sociale. Malgré les efforts entrepris, de l’ex-président Laurent Gbagbo (2002-2010) à Alassane Ouattara (2011-2023), les blessures peinent à être cicatrisées. Créant ainsi une atmosphère délétère de méfiance et de suspicion au sein des communautés.
Le poids du football dans la consolidation de la paix
Le football, partout dans le monde, a une forte capacité de rassemblement. Cette discipline constitue un ferment du sursaut patriotique. Lors d’un match opposant deux nations, l’amour pour la patrie appelle les diverses entités de chaque pays à l’union. En pareilles circonstances, ce qui compte demeure la victoire. Toutes les prières, aspirations et attentes des peuples, des supporters, convergent vers cet idéal. Ce qui confère au football une force en matière d’union, de consolidation de la solidarité et la paix au sein populations.
L’avènement de la Can 2023
La Can de l’hospitalité, qui se déroule en Côte d’Ivoire, depuis le 13 janvier, apporte un vent nouveau sur le pays. Les Ivoiriens, dans toutes les contrées, se mobilisent pour soutenir leur équipe nationale. Chacun, selon ses possibilités financières du moment, cherche à se procurer soit une casquette, un drapeau, une banderole, soit un maillot, tous faits aux couleurs nationales.
Lors des différentes rencontres des Éléphants, les supporters créent une marée orange sur tous les stades. En cas de défaite, tout le pays est plongé dans un silence total. En cas de victoire, c’est la liesse populaire partout, sur l’ensemble du territoire national. Dans ces deux cas de figure, le sport l’emporte sur la religion, le bord politique, l’ethnie.
Ce qui renforce davantage le sentiment d’appartenance à un peuple commun, une nation commune. Le récent événement en la matière est la rencontre Mali-Côte d’Ivoire, le samedi 03 février, lors des 1 / 4 de finale. Les pachydermes ivoiriens, menés par les Aigles du Mali, depuis la première mi-temps, ont plongé le pays dans un moment de psychose permanent. La situation avait même pris une tournure amère, lorsque l’équipe ivoirienne était obligée de jouer à 10 contre 11, suite à l’expulsion du défenseur central, Odilon Kossonou, pour avoir commis une faute sur un attaquant malien.
Devant cette atmosphère très tendue, les populations ivoiriennes n’ont cependant perdu espoir. Dans les chambres, au stade de Bouaké où se déroulait le match, dans les lieux de culte, les maquis, chacun, à sa façon, s’est tourné vers Dieu, en prière. Leurs efforts conjugués ne resteront vains. Les vœux finirent par être exaucés. Les Éléphants parviennent à égaliser, avant de s’imposer finalement sur le score de 2-1, lors des prolongations. Les instants qui ont suivi ont fait baigner tout le pays dans une joie indescriptible.
La Can 2023 vient ainsi aider le pays à tourner le dos à ce passé sombre, gommer à jamais cette tache noire de son histoire, évacuer les traumatismes individuels et collectifs enfouis dans la conscience. La compétition ouvre alors la voie à une nouvelle ère, empreinte de convivialité, de communion et de paix. Cet événement sportif ravive la passion patriotique autour de l’équipe nationale. Ce qui a un impact positif sur la construction de la nation ivoirienne. Cette solidarité qui en résulte devrait être capitalisée par le Gouvernement et tous les acteurs nationaux, pour relever d’autres défis en matière de la consolidation de la cohésion sociale.
Cette belle fête du football africain s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de repositionnement de la Côte d’Ivoire sur l’échiquier international. Il s’agit d’une action de diplomatie, de marketing qui, sans doute, donnera une meilleure image de la nation aux yeux du monde. Le président de la République et le Gouvernement ont joué leur rôle. Il appartient à chaque habitant de ce pays, quel que soit son niveau, d’emboiter le pas, en jouant un rôle actif, dans le succès de la compétition, source de multiples opportunités.
Sidibé Yacouba