Le difficile chemin de la cohésion sociale et de la réconciliation en Côte d’Ivoire

Le père fondateur de la Côte d’Ivoire, le président Félix Houphouët Boigny disait ‘’ la paix ce n’est pas un vain mot, mais c’est un comportement’’ verrons-nous un jour la pratique de cette maxime par les ivoiriens.

La Côte d’Ivoire à vu plus de dix ans de son existence émaillée par des crises dues à l’organisation des élections. Les blessures de ces crises peines à se refermer, malgré le temps qui passe. Cependant, les ivoiriens aspirent à la paix et veulent voir une véritable réconciliation entre les fils de cette nation. Beaucoup d’efforts ont été fait pour y arriver, nous citerons les actions menées par le centre de recherche et d’action  pour la paix (CERAP) dans le cadre du projet “Réconciliation communautaire par la promotion du dialogue et de l’action collective’’ réalisé dans plusieurs villes

Dans le cadre de sa politique de réconciliation, le gouvernement ivoirien a procédé le 8 mars 2023 à la remise de 47 dépouilles de la crise post-électorale de 2011 à leurs familles. En 2018, le président de la république Alassane Ouattara a amnistié 800 personnes dont l’ex-première Simone Gbagbo. Cela a contribué à décrisper l’atmosphère. 

Ces efforts pourraient être noyés si l’on y prend garde par des germes de conflits latent. Nous avons trois personnalités politiques qui ont fait et marqué l’histoire de la Côte d’Ivoire. Ces personnalités continuent d’influencer le paysage politique et social de la nation. 

Leurs voix continuent de porter auprès des habitants et elles sont entendues. Aujourd’hui, ces trois hommes qui ont occupé de hautes fonctions à la tête de la Côte d’Ivoire sont radiés de la liste électorale ivoirienne avec de lourdes condamnations sur leurs têtes.

Deux d’entre eux sortent à peine de prison à la Haye, parce que acquittés par la justice internationale des charges qui pesaient sur eux. L’ex-président Laurent Gbagbo et le président du COJEP Charles Blé Goudé ont été jugés et condamnés par la justice ivoirienne pendant qu’ils étaient en procès à la Haye.

 Le premier cité s’est battu pour la démocratie en Côte d’Ivoire, il est appelé le père du multipartisme. Son fils Blé Goudé comme on l’appelle, a mené la lutte de la résistance en Côte d’Ivoire et prône aujourd’hui la réconciliation nationale. Guillaume Soro, ex-porteparole de la rébellion, est de retour sur la terre africaine, sa terre natale avec le désir de rentrer dans son pays. Leader charismatique depuis sa jeunesse estudiantine, il a ses partisans qui le soutiennent et veulent le voir revenir, mais sur sa tête repose une épée de Damoclès. Pour leurs différents partisans, toutes ses décisions de justice en leur encontre sont politiques.

Selon eux, la justice ivoirienne est à la solde du régime en place, de ce fait, beaucoup estiment que leur justice n’est plus crédible. Tout cela peut créer des sentiments d’appartenance par ceux qui se reconnaissent en eux et peut-être porteur de germes de conflits.

En 2022 la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH) , le Mouvement ivoirien des droits humains et la Ligue ivoirienne de droits de l’homme (LIDHO) lancent une alerte sur “l’instrumentalisation de la justice’’ par les hommes politiques . Ces cinq dernières années, la justice ivoirienne est sous le feu des projecteurs. Jeune Afrique dans un article publié le 28 décembre 2017 dans le cadre de la crise ivoirienne revient sur cinq verdicts controversés de la justice ivoirienne. Ces verdicts comme mentionné par le magazine font cas des procès d’hommes politiques et de magistrat.

Stigmatisation sur les réseaux sociaux de Guillaume Soro  après l’annonce de son retour en Côte d’Ivoire.

L’ex président de l’Assemblée Nationale Guillaume Soro a été victime de discours de haine, et d’injures de la part des internautes. Certains le traitent de meurtrier, de traître, pendant que d’autres demandent qu’ils restent en exil, proférant des menaces et affirmant même sans preuve qu’il souffre d’une pathologie.

La justice ivoirienne jugée sur les réseaux sociaux

La justice ivoirienne est accusée d’être prompt à juger des affaires qui concernent les partis politiques et opposants. Selon ces internautes, c’est une affaire de deux poids deux mesures quand il s’agit de personnes ne partageant pas les mêmes avis et opinion de ceux des partis au pouvoir.

Dans son document intitulé ‘’ Justice en Côte d’Ivoire… ’’ Human Rights Watch indique au point 3 que: Bien que la constitution de la Côte d’Ivoire prévoit un système judiciaire indépendant, la justice ivoirienne a, dans la pratique, succombé aux pressions exercées par le pouvoir exécutif et aux influences extérieures, surtout la corruption. Les cas les plus délicats sur le plan politique feraient l’objet de pressions de la part de l’exécutif, du parti au pouvoir ou d’intérêts ethniques. L’équité dans les procès est souvent mise à mal par des magistrats et des juges corrompus.” 

Conclusion

La Côte d’Ivoire a besoin plus que jamais de tous ses fils pour une réconciliation vraie et totale. Mettre à l’écart l’un de ses fils qui a derrière un peuple , une région, des partisans se reconnaissant en lui serait source de conflits, Sensibiliser la classe politique à travers des articles à désarmer les cœurs.  Sensibiliser les acteurs de la justice à se départir de toute emprise politique et ne dire que le droit selon qu’ils ont prêté serment.

Kanon Fulgence