Discours haineux des acteurs politiques : une menace pour la cohésion sociale

La paix constitue le préalable au développement d’une nation. Mais cette construction de la cohésion sociale se trouve de fois compromise, du fait des façons d’agir de certains citoyens. 

Cependant, des discours de discriminations, de tribalisme ou de xénophobie sont tenus par des hommes politiques, au quotidien. Leur intention est de discréditer leurs adversaires auprès des populations.  Une fois ces propos lancés, les peuples commencent à s’y intéresser. Des situations qui finissent par semer les germes de la perturbation de la cohésion sociale. Pour comprendre ces attitudes des hommes politiques, nous avons décidé d’y jeter un regard critique.

 Quelques faits significatifs.

Le samedi 9 décembre 2023, Tidjane Cheick Thiam, candidat déclaré à la présidence du PDCI-RDA, lors de son meeting inaugural de campagne à la fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro, a avancé des propos d’une certaine teneur. L’ex-ministre du plan et du développement, parlant de la gestion du président de la République, a lâché : « Ce qui m’intéresse, ce sont les dispositions qui marchent, pas les solutions qu’on ne voit pas ».

Un peu plus loin dans son allocution, il ajoute ce qui suit. « Je souhaite m’arrêter là, parce que ça n’a pas encore commencé. C’est un petit échauffement. Mais je le dis souvent à nos jeunes. Lorsque vous voyez le dernier de la famille jouer avec la barbe du père, c’est que les grands frères n’ont pas fait leur travail. Nous, nous serons là, pour leur rappeler que notre père nous a donné une éducation ».  

A la suite de cette déclaration, la réaction du parti au pouvoir ne s’est pas fait attendre. Cette réponse au candidat du Pdci-Rda a été manifestée le dimanche 10 décembre 2023, au Parc des expositions de Port-Bouët. C’était à l’occasion de la célébration de l’an 3 de la prestation de serment du président Alassane Ouattara, après son élection de 2020.

Le premier à ouvrir le bal sur la question est le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly. « (…)J’ai entendu hier (ndlr : Samedi), pendant que vous étiez en train d’élire le nouveau président de la jeunesse de notre parti, l’un d’entre eux dire qu’en tant qu’ingénieur et non économiste, il préférait les dispositions qui marchent et non les solutions qu’on ne voit pas. Quand on est ingénieur, on est rationnel, on est objectif. Et cela demande nécessairement de l’honnêteté et de la bonne foi. Ne pas voir, c’est refuser d’admettre que notre pays, premier producteur de cacao, essentiellement exportateur de fèves, transforme, aujourd’hui, plus de 50% de sa production. Ne pas voir, c’est refuser d’admettre que notre pays, premier producteur de noix de cajou qui, jusqu’en 2011, ne transformait que 2% de sa production, en transforme aujourd’hui plus de 22% », rétorque-t-il.

A’sa suite, le secrétaire excutif du RHDP, Cisse Bacongo , a abordé le sujet, mais en l’orientant vers l’origine de Tidiane Thiam. Une question qui a mis en péril la cohésion sociale en Côte d’Ivoire, de 1995 à 2011. « On veut distraire nos jeunes. Tidiane Thiam est ivoirien. Mais il n’est pas du nord comme Alassane Ouattara. C’est le fils de la ministre Goudou Raymonde. C’est un Baoulé. C’est pour cela qu’ils ont écarté Guikahué », laisse-t-il entendre.

Développant son discours, il avance : « Tidiane Thiam est un ancien qui veut se faire passer pour un nouveau. Il veut jouer sur deux plans. Mais il ne pourra pas ! Nous sommes là. Nous l’attendons ! Il s’appelle Tidiane Thiam. Il est ivoirien point. Mais il ne faut pas qu’il vienne nous dire qu’il vient du nord comme Alassane Ouattara, voire qu’il est musulman comme Alassane Ouattara, ce n’est pas vrai ! ».

Le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, Mamadou Touré membre du Rhdp, a affirmé le 10 décembre 2023, lors de la célébration de l’an 3 de prestation de serment de Alassane Ouattara, ce qui suit. « L’imposture ne passera plus dans ce pays. Les gens sont là, ils sautent, sautent… C’est grâce au combat du Rdr que Tidjane Thiam sera président du Pdci-Rda, parce-que le concept de l’ivoirité est mort ».

L’impact de ces déclarations sur la cohésion sociale

Ces genres de discours peuvent avoir un impact négatif sur la cohésion sociale. Les propos haineux tenus souvent par des leaders politiques ont la faculté d’inciter à la violence, de saper la cohésion sociale. Ils peuvent causer des dommages psychologiques et physiques, à travers la xénophobie, le racisme. Cela peut entraîner une polarisation de la société et une augmentation des tensions intercommunautaires. En conséquence, la cohésion sociale peut être menacée.

Ce qui peut avoir des conséquences négatives sur la stabilité et le développement du pays.

Ce qui doit guider les leaders politiques

Il est important de promouvoir la tolérance, le respect et la compréhension mutuelle entre les différentes communautés, pour renforcer la cohésion sociale. Sans oublier la nécessité d’accepter les choix politiques et religieux.  Aussi, les gouvernants, les organisations de la société civile et les individus peuvent jouer un rôle important dans la promotion de ces valeurs.

En plus, il est important de favoriser l’inclusion sociale, le capital social et la mobilité sociale. Cela peut être réalisé en investissant dans les droits sociaux et en créant des opportunités de mobilité ascendante.  Mais il faut également important de renforcer la représentation et le processus décisionnel démocratique, ainsi que de développer le dialogue social et l’engagement civique.  Enfin, la satisfaction des besoins fondamentaux, l’attrait d’un but collectif qui développe la motivation et l’initiative personnelle, et le développement d’affinités personnelles avec d’autres membres de l’équipe sont des moyens pour renforcer la cohésion sociale.

Sidibe Yacouba