Après une décennie de crise politico-militaire en Côte d’Ivoire, la dégradation du tissu social a laissé des cicatrices profondes dans le pays. Pour remédier à cette blessure, le gouvernement ivoirien a entrepris un processus de réconciliation nationale confié à la chefferie traditionnelle.
Réunis le 11 octobre 2017 à Yamoussoukro, les chefs traditionnels venus des 31 régions ont pris part à cette initiative visant à restaurer l’harmonie dans un pays où la croyance traditionnelle exerce une influence significative. Selon un reportage de la Voix de l’Amérique.
Ces actions soulignent la nécessité de promouvoir la paix et la cohésion nationale.
Selon le site web de l’Institution du Médiateur de la République, un rapport de synthèse a été présenté le 29 août 2020 à la Fondation Internationale Félix HOUPHOUËT-BOIGNY pour la Recherche de la Paix avec pour thème : « « Grandes Rencontres sur les mécanismes d’instauration d’une paix durable en Côte d’Ivoire ».
Le Directoire de la Chambre Nationale des Rois et Chefs Traditionnels, représenté par son Président et 200 chefs traditionnels issus de 108 départements ont participé à cet événement.
Sa Majesté Amon TANOE a souligné l’importance de la responsabilité, de la tolérance et de l’acceptation des différences pour préserver le vivre-ensemble, surtout dans le contexte sensible des élections.
Le Médiateur de la République, Adama TOUNKARA, a appelé à l’implication de tous pour maintenir un climat de « fraternité, de solidarité, d’union et de paix » caractéristique de la Côte d’Ivoire.
Les chefs traditionnels sont les gardiens du patrimoine culturel. Mais leur rôle va au-delà de la préservation des traditions. Dans les communautés, ils agissent comme des médiateurs neutres, facilitant la discussion et recherchant des solutions pacifiques aux conflits.
Ayant compris cela, dans une vidéo de 1 minute 8 secondes publiée le 8 février 2019 par le média ivoirien Abidjan.net, qui a fait 15 050 vues, 192 125 commentaires et 76 partages, la Chambre Nationale des Rois et Chefs Traditionnels, par la voix de son président Sa Majesté Nanan Tanoé, appelait les acteurs politiques et tous les ivoiriens à la paix, à la cohésion, à la retenue et au sens de la responsabilité face : « aux envolés verbales indignes des responsables politiques ou prétendus tels. »,a-t-il interpellé.
À en croire le chef : « ces dérives verbales constituent de véritables bombes sociales à fragmentation qui convient d’être étouffées pour éviter de vivre un passé douloureux », a lancé Sa Majesté.
Pour rappel, cet appel a été lancé dans un contexte ou la Côte d’Ivoire s’apprêtait à aller à l’élection présidentielle qui devait se tenir en 2020.
L’appel en question a été largement perçu par l’ensemble de la population. Malgré des perturbations et des incidents liés à l’appel à la désobéissance civile , lancé le 21 septembre 2020 en présence de la presse nationale et internationale par l’opposition, notamment par le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dirigé par feu le président Henri Konan Bédié pour empêcher le scrutin du 30 octobre 2020.
Les ivoiriens ont connu un processus électoral qui a été marqué par moins de pertes en vies humaines par rapport à l’élection de 2002, qui avait officiellement enregistré 3000 morts suite à un contentieux électoral.
Cette relative stabilité peut être attribuée en partie aux institutions traditionnelles, notamment par la Chambre Nationale des Rois et Chefs Traditionnels de Côte d’Ivoire qui ont joué un rôle crucial en appelant sans cesse à l’apaisement.
Il est bon de savoir que les discours de haine, de va-t-en-guerre peuvent engendrer des conséquences négatives, incalculables qui impactent profondément la stabilité, le bien-être, la cohésion sociale et le développement de ladite communauté.
Il peut également générer des clivages et des fractures entre différents groupes de population. Les relations entre les individus deviennent tendues, marquées par la méfiance et le manque de solidarité qui met en mal le fonctionnement de la société et conduit à des conflits ouverts au sein de la communauté. Ces conflits peuvent être liés à des différences ethniques, religieuses, économiques ou sociales.
Par conséquent, il est donc impératif de promouvoir et de préserver la cohésion sociale pour garantir un environnement stable, sain, inclusif et prospère.
Pour aboutir à cette atmosphère de sérénité, il faut amplifier les actions en faveur de la paix et de la cohésion. Notamment, encourager l’éducation à la médiation qui est une clé pour renforcer notre capacité à aborder les problèmes de manière constructive, élaborer des programmes éducatifs destinés aux chefs traditionnels pour développer des compétences spécifiques de médiation pour prévenir et résoudre les conflits.
Mohamed Compaoré