L’avènement des réseaux sociaux a impulsé une dynamique dans les communications humaines. Ces outils, en effet, offrent une facilité, une rapidité et une aisance à l’individu, dans les échanges avec les tiers. Cependant, au lieu de les utiliser à de bonnes fins, certains internautes s’en servent pour assouvir leurs noirs desseins. Du coup, on enregistre à longueur de journée la diffusion de propos haineux sur ces différentes plateformes. Ces messages, porteurs des germes de la division, constituent un frein à la consolidation de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire.
Des cas typiques
En mars 2018, une adolescente de 13 ans trouve la mort par meurtre à M’bahiakro. Cet incident suscite l’indignation et la colère de tout un peuple en émoi. Dans la foulée, un jeune agent d’entretien, Yao Kouakou Philippe, âgé de 31 ans et père de quatre enfants, fait un post sur sa page Facebook. Il incite les populations à se dresser contre les agents locaux de sécurité, pour des raisons qui lui sont propres. « Il faut commencer à égorge les enfants de gendarmes et nous sommes en train de nous organiser, ici à M’bahiakro. Restez à l’écoute », lançait Yao Philippe.
Comme une trainée de poudre, la nouvelle se répand très vite dans la ville. Des populations dont des élèves en majorité, prennent d’assaut la brigade de gendarmerie. Plusieurs dégâts sont constatés, avec notamment le saccage et l’incendie du poste de gendarmerie. Comparu devant le tribunal de première instance du Plateau, il sera reconnu coupable de trouble à l’ordre public, auteur de propos haineux. Pour que cela serve de leçon aux autres, le jeune est condamné à 12 mois de prison fermes, assortis d’une amende de cinq millions de F CFA.
Le 21 avril 2021, encore sur Facebook, un internaute fait le post ci-après. « Deux millions d’étrangers ont reçu des pièces d’identité ivoiriennes sous Dramane (Alassane Ouattara) ». Ces propos, à première vue, peuvent paraitre anodins. Mais en réalité, ils évoquent la fraude sur la nationalité. En pareils cas, de tel message constitue une invite insidieuse à la chasse aux étrangers. Ce qui peut d’ailleurs entrainer la perturbation de l’ordre social.
Les dangers des discours haineux
Dans toute société, les messages haineux sont toujours porteurs de troubles. En Afrique, la majeure partie des populations est analphabète. Certaines personnes cultivées manquent souvent de discernement face aux événements. Elles se laissent emportées très souvent par l’émotion du moment. Dans ces cas de figure, les messages haineux sur les réseaux sociaux, comme de l’huile sur le feu, peuvent gagner facilement les esprits. Les tensions et les troubles qu’ils engendrent peuvent altérer le climat social, fragiliser la paix. Ces situations sont donc préjudiciables à la construction harmonieuse d’un pays.
L’attitude à tenir
La Côte d’Ivoire sort progressivement d’une décennie de crises militaro-politique. Il est vrai que dans toute nation moderne, la liberté d’expression fait partie des droits fondamentaux de tout individu. Néanmoins, il serait périlleux pour tout État de donner libre cours au libertinage.
Les réseaux sociaux représentent des canaux privilégiés d’une bonne frange de la population pour véhiculer des messages de nature diverse. Il importe pour les autorités de veiller à ce que les normes morales et sociales soient respectées. Les auteurs de discours haineux avérés doivent répondent de leurs actes devant les juridictions compétentes.
L’éducation aux médias doit également figurer aux menus de toutes les campagnes de sensibilisation. Le projet devra être élargi aux hommes de médias, psychologues, pour une meilleure conscientisation des masses. La contribution des Ong, des associations de jeunesse est aussi vivement attendue.