Les élections régionales et municipales ivoiriennes du 2 septembre 2023 ont été meublées par des vidéos et images publiées sur les réseaux sociaux, montrant de présumés cas de fraudes dans certains lieux ou bureaux de vote. De présumées fraudes, pouvant ternir la crédibilité des résultats à la fin du scrutin, voire entrainer des conflits communautaires.
Contexte politique et enjeu de ces élections locales ivoiriennes
Les élections régionales et municipales 2023 ont constitué un test grandeur nature pour l’élection présidentielle de 2025 qui profile à l’horizon. Les partis politiques en ont profité pour tester leur capacité de mobilisation.
Les batailles ont été rudes notamment dans des bastions des principaux partis politiques, eu égard aux enjeux.
Ce fut le cas à Cocody, Yopougon et Porbouët où le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir) a été challengé par l’opposition menée par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI).
Pour prévenir les tensions lors de ces élections, le Dr Boga Gervais, président de la Fondation Internationale Pour l’observation et la surveillance des Droits de l’Homme et de la vie Pacifique (FIDHOP) a lancé un appel aux populations et aux différents candidats. ‘’ Nous appelons la population à avoir un attitude citoyen en évitant les tensions et en accomplissant leurs devoirs. Je tiens à rappeler aux candidats qu’ils doivent sensibiliser leurs partisans à la paix et éviter toute tentative pouvant nuire au bon déroulement de ces élections. ‘’ a-t-il indiqué.
Identification des vidéos montrant les fraudes dans les centres de vote et pouvant attiser le désordre public et la haine
- L’affaire des résultats de la commune du Plateau non encore publié
Cela fait quelques jours que la Commission électorale indépendante (CEI) a commencé à publier les résultats de fin de scrutin. Mais ceux de la commune du Plateau n’ont pas encore été publiés. Une situation qui aurait agacé Le journaliste André Silver Konan. Il a fait un post sur le réseau social Facebook faisant le point de la situation électorale dans cette commune. Il affirme ‘’ Si la CEI ne proclame pas les résultats, comme elle l’a fait pour Yopougon, c’est bien parce que, malgré tout, ceux-ci ne semblent pas favorables au candidat du RHDP et la CEI le sait très bien, sinon, elle ne se serait pas gênée pour les proclamer. ‘’
Poursuit-il : ‘’Il faut arrêter cette plaisanterie. Cette fois-ci, cela ne doit pas passer par pertes et profits. Nous allons exiger des poursuites publiques pour tous les acteurs, y compris pour les responsables de la CEI dont nous détenons déjà des notes. C’est agaçant, à la fin !’’.
Cette enquête publiée sur les réseaux sociaux a fait réagir plus d’un. La population consternée par cette situation à exprimer son mécontentement par des commentaires virulents.
D’aucuns parlent de la complicité de certains agents de la Commission Electorale Indépendante avec les présumés fraudeurs. Le candidat concerné par ces actes serait Fabrice Sawegnon, Candidat du RHDP à la municipalité du Plateau
- . L’affaire du fraudeur avec plus 1000 cartes d’électeurs saisi à Daloa et celle de la tricherie du RHDP à Gagnoa
Dans la vidéo postée sur Facebook, on aperçoit un homme en possession de plusieurs cartes d’électeurs. Interrogé sur l’origine de ces cartes d’électeurs, il n’aura rien donné comme indice. Par contre, celui qui a filmé a mentionné que c’est un fraudeur envoyé par un candidat du RHDP. (Incitation à la haine)
. Certains commentaires pouvant engendrer des tensions communautaires
Après avoir vu les vidéos, les internautes ont signalé la complicité du président de la CEI qui serait de mèche avec le parti au pouvoir. (Diffamations et Incitation à la haine) .
Certains ont même affirmé que ces incidents pouvaient déboucher sur une autre crise comme celle que la Cote d’Ivoire a connue en 2010.
Actions pour éviter que ces fraudes remarquées soient estompées et quelles ne créent pas des tensions entre les peuples
- Renforcer le dispositif sécuritaire pour éviter les fraudes dans les centres de vote
- Entamer des poursuites judiciaires contre ces fraudeurs y compris leurs Candidats.
- Reprendre le scrutin dans les lieux de votes où il y’a eu des fraudes
- La CEI doit apporter des précisons sur ce qui a été découvert et rassuré la population
- Sensibiliser la population à être toujours responsable quel que soit le déroulé des évènements
250 observateurs et 27 superviseurs de l’Observatoire de la Solidarité et de la Cohésion sociale (OSCS) déployés dans des lieux de vote
Quelques 250 observateurs et 27 superviseurs accrédités par la Commission électorale indépendante (CEI) issus d’un réseau national de 11 565 moniteurs du Mécanisme d’Alerte précoce (MAP) de l’Observatoire de la Solidarité et de la Cohésion sociale (OSCS), seront déployés, le samedi 2 septembre 2023, dans des lieux de vote répartis dans les 31 régions et les districts autonomes d’Abidjan et de Yamoussoukro pour les régionales et municipales.
L’information émane de la directrice de cabinet du ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, Paule Marlène Dogbo, représentant la ministre Myss Belmonde Dogo, lors du lancement, le mardi 22 août 2023 à Abidjan-Cocody, de la mission d’observation électorale proactive pour les élections apaisées, en présence du directeur général de l’OSCS, Ibrahima Tiohozon Coulibaly.
« Au regard des enjeux des élections du 2 septembre 2023, notre ministère, à travers l’Observatoire de la Solidarité et de la Cohésion sociale, a reconduit sa mission d’observation électorale proactive en tant qu’outil de prévention et de gestion des violences électorales », a indiqué Paule Marlène Dogbo.
Pour des élections apaisées, Mme Dogbo a recommandé à la CEI de continuer à faire preuve de « professionnalisme », et aux acteurs politiques ainsi qu’aux populations, de « participer pleinement au processus électoral dans le calme, la discipline, la tolérance et la solidarité ».
L’observation électorale collecte les données sur le processus électoral pour contribuer à juger de la crédibilité, la légitimité et la transparence dudit processus ou une activité électorale.
« Elle contribue à renforcer la confiance des citoyens dans le processus ainsi que leur participation et réduit les risques de conflits électoraux », a expliqué, pour sa part, le directeur général de l’OSCS, Ibrahima Tiohozon Coulibaly.
Selon lui, la spécificité de l’observation électorale proactive consiste pour l’observateur à interagir avec la CEI et d’autres acteurs du processus (corps préfectoral, forces de l’ordre, partis politiques, candidats, leaders de jeunesse, etc.) afin de corriger en temps réel les dysfonctionnements et autres situations susceptibles de perturber le processus.
Depuis 2016, le ministère de la Solidarité organise, via l’OSCS, sa structure de veille et d’alerte, une mission d’observation électorale proactive afin de contribuer à la tenue d’élections apaisées grâce à son mécanisme d’alerte précoce et de réponse rapide.
ANZIA Yao Ange Emmanuel/ Honoré SEPE