En Côte d’Ivoire, un phénomène d’importance majeure polarise l’attention générale, depuis quelques années. Une catégorie de citoyens excelle dans la diffusion d’informations erronées sur les réseaux sociaux. Ces publications portent spécialement sur le décès des acteurs de la scène politique. Or la plupart du temps, ces informateurs de circonstances ne sont pas des professionnels de l’information. Mais alors, pourquoi ces façons d’agir ? En réalité, cette situation mérite analyse et réflexions.
Quelques cas spécifiques
Du vendredi 11 au samedi 12 août 2023, la toile réveille les ivoiriens avec une nouvelle d’une teneur sinistre. Elle annonce le décès de Mme Marie-Thérèse Houphouët-Boigny. La réaction de la famille et des proches ne se fera pas attendre. De manière formelle, ils ont apporté un démenti à ces rumeurs qui, comme de la poudre répandue en l’air, se propageait dans les quatre coins du monde. En fait, Mme Thérèse Houphouët-Boigny, âgée de 92 ans, avait été simplement admise à l’hôpital américain Neuilly à Paris, suite à un AVC. Après un suivi médical, elle a recouvré la santé. Elle a regagné Abidjan, il y a un peu plus d’un mois.
Sur ce même chapitre, le 1er août 2023, une nouvelle vient ébranler le pays tout entier. Un peu dans l’après-midi, les peuples de l’Eburnie apprennent que le Président Henri Konan Bédié est passé de la vie à trépas. Cette fois-ci, l’information est vérifiée. Seulement, à travers Facebook, des spéculations font état d’une mort par empoisonnement dont son cuisinier serait complice. Mais de l’annonce du décès à ce jour, aucune information émanant des autorités ou de la famille n’a confirmé ces spéculations. Ce qui crée un mystère autour de la mort du président du PDCI-RDA. (Capture d’écran)
Aussi, le 10 mars 2021, l’ex-premier Ministre, Hamed Bakayoko, rend son dernier souffle à Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, à l’âge de 56 ans. Comme cause, les autorités, de source officielle, évoquent un cancer. Cependant, sur les réseaux sociaux, un empoisonnement serait à l’origine de ce décès. Des spéculations qui, jusque-là, demeurent sans fondements.
Des raisons des spéculations
La diffusion des informations erronées sur les réseaux sociaux peut être motivée par divers facteurs. Il est patent qu’en pareille situation, les internautes veulent être au-devant de la scène. Certains voudraient être les premiers à ventiler la nouvelle au sujet d’un fait, un événement précis. D’autres, par contre, sont animés par le désir d’asseoir leur notoriété. Avec la possibilité d’accroitre le nombre de leurs followers. Dans l’un ou l’autre des cas, ils ne prennent pas la peine de vérifier les faits.
Ces manières d’agir pourraient trouver également d’autres explications. Surtout lorsque le décès concerne un acteur politique d’une notoriété légendaire. Dans ce cas de figure, les internautes, abattus, sidérés ou en colère, croient que c’est la façon pour eux d’en savoir davantage sur la mort de leur idole. Les plateformes se présentant comme les canaux par lesquels ils peuvent s’exprimer librement. Le cas du Président Konan Bédié et du premier Ministre Hamed Bakayoko pourrait en être illustrateur.
L’incidence des spéculations
La mort est un phénomène irréversible. Elle marque à jamais la vie d’une famille, d’une communauté, d’un Etat. Attendu que la personne qui passe de la vie à trépas, quoiqu’on fasse, ne se relèvera plus. En pareilles circonstances, le mieux que les vivants peuvent faire, c’est une union dans la prière, en vue du salut de l’âme du défunt. C’est de soutenir de même la famille éplorée, matériellement, financièrement ou par quelque moyen que ce soit.
Ainsi, agir autrement, en spéculant à travers les réseaux, c’est affliger davantage l’âme du disparu, spécialement pour les croyants. La diffusion des fausses informations sur les réseaux sociaux recèle d’autres inconvénients. Quelles qu’en soient les raisons, ces agissements ajoutent à la peine de la famille déjà profondément attristée. Dans un autre sens, ces scènes attisent la haine de l’autre. Elles participent donc à la fragilisation de la cohésion sociale, de l’équilibre d’une société.
Ce qu’il y a lieu de faire
La communication, tout comme le traitement de l’actualité, se révèlent des métiers certes passionnants. Mais toute profession, tout domaine d’activité fonctionne selon des normes établies. En Côte d’Ivoire, à l’instar des autres nations, des structures existent. Toute personne intéressée peut se donner les moyens de suivre des formations. Courant cette période d’apprentissage, l’individu aura l’occasion de s’imprégner des règles en vigueur, en fonction du domaine choisi. Il pourra ainsi exercer sa profession en toute sérénité.
Pour l’heure, il est temps, pour les autorités ivoiriennes, de veiller à l’application stricte de la loi sur les médias. Des sanctions particulières, mais sévères, se doivent d’être prises contre tous les auteurs des fausses informations sur les différentes plateformes. C’est en procédant ainsi que chacun parviendra à reconnaître sa place, dans ce pays. L’on pourra ainsi mettre un terme à cette forme de libertinage.